Les déplacements domicile-travail en Occitanie

9 graphiques pour comprendre les flux professionnels dans la Région


Sens de l'histoire racontée

Scrollez, interagissez !

De quoi parle-t-on ?


Les flux de mobilité des « déplacements domicile-travail » fournissent, pour l'ensemble des communes (France métropolitaine et DOM), les effectifs correspondant aux croisements du lieu de résidence avec le lieu de travail.

Le temps de chargement peut être un peu plus long que prévu en raison du nombre important de données à afficher sur la carte ci-dessous

En Occitanie, l'étude de ces flux nous permet de montrer les points chauds de l'économie de la région.

Cette carte interactive nous permet de visualiser l'ensemble des déplacements domicile-travail en Occitanie en 2014. Les tracés de ces déplacements gagnent véritablement en intensité autour de deux espaces distincts.

1. Toulouse, sa couronne périphérique ainsi que les villes satellites gravitant autour de la capitale occitane.
L'influence de la ville rose est telle que cette dernière capte plus de 22% de l'ensemble des déplacements en direction du lieu de travail (environ 130 000 déplacements journaliers), en légère hausse par rapport à 2009.

2. Le littoral maritime et son chapelet de villes s'étendant de Perpignan jusqu'à Avignon.

L'Occitanie est donc un territoire dont le dynamisme se concentre essentiellement autour de ces deux grands axes.

Les mobilités professionnelles de la Région organisées selon un modèle centre-périphérie


Après avoir mis en évidence l'existence de deux espaces de forte densité de déplacements professionnels, nous allons nous attarder sur les points de départ et d'arrivée des différents trajets dans le but de mettre en exergue des aires de polarisation des flux.

Intéressons-nous désormais aux communes. Les flux de déplacements professionnels s'organisent selon un modèle centre-périphérie relativement classique.

Illustrons ce propos avec un petit exemple : Béziers. Béziers est le cas typique d'une commune-centre où gravite tout autour d'elle une myriade de "cités-dortoirs" (Lignan-sur-Orb, Maraussan, Lespignan... Pour ne citer que quelques exemples). On observe 15 521 déplacements journaliers en direction de Béziers contre un peu plus de 2600 départs, selon les chiffres de 2014.

Le cas le plus remarquable et révélateur de ce modèle centre-périphérie est sans conteste Toulouse avec un différentiel entrée-sortie de +86 408 déplacements en 2014 !

Ainsi, de grands mouvements de personnes animent au quotidien la Région Occitanie, formant de véritables aires de polarisation des déplacements. Néanmoins, lorsque vous regardez la Région dans son ensemble, ne remarquez-vous rien de plus ?

Les oubliés de la mobilité


En marge du dynamisme des aires de polarisation structurant le territoire occitan, on trouve de petits bourgs, des villages de campagne ou des hameaux, ne participant pas ou que très peu aux mobilités de la Région.

Sur plus de 71 % du territoire, on dénombre moins de 100 déplacements journaliers. La carte interactive nous indique où se situent les communes qui connaissent une relative immobilité. A gauche de la carte, nous observons plusieurs indicateurs qui nous permettent d'établir le profil moyen pour l'ensemble des communes filtrées.

En partant du postulat que ce sont les personnes disposant d'un faible capital économique qui sont les plus touchées par l'immobilité, il serait intéressant de visualiser la variation des indicateurs ci-contre en ajustant la sélection des communes à partir du revenu médian.

Voyons... Si on applique un filtre de sélection des communes dont le revenu médian annuel est inférieur à 12 000 €, que constatons-nous ?!!

A vous de jouer ! Essayez de faire varier le revenu annuel médian, et découvrez le résultat !

Profil des 3521 communes filtrées

population moyenne
19.6 % de la population totale de la Région (soit un total de 80 851 emplois)
population moyenne
12 % des emplois totaux de la Région (soit un total de 1 127 214 personnes)
€
Un revenu moyen de 14 425 €
€
Altitude moyenne des communes : 459 m
sans voiture
Une absence ou un flux très réduit de déplacements concernant 71 % de la surface totale d'Occitanie

Localisation des communes

Affichage des communes d'Occitanie ayant un revenu médian inférieur à et ne comptabilisant pas ou peu de déplacements sur leur sol

Répartition des communes par départements

Note : des aberrations au niveau des chiffres des indicateurs peuvent être visibles. Celles-ci sont le fait des petites communes ne disposant pas de données statistiquement solides.

L'influence de ces nombreuses communes est, certes, moindre en comparaison des grandes métropoles occitanes, mais elles ne doivent surtout pas être oubliées lorsque l'on observe les dynamiques de mobilité à l'oeuvre à l'échelle de la Région.

Caractérisation des flux domicile-travail en Occitanie


Nous avons vu précédemment que les déplacements professionnels en Occitanie s'organisaient autour d'aires de polarisation. Arrêtons-nous quelques instants sur les communes et les habitudes de déplacement des travailleurs.

Visualisation des communes selon trois critères de déplacement

Legende
Balance des déplacements positive
Balance des déplacements négative

Ce graphique triangulaire est très interessant car il nous permet de mieux comprendre comment s'organisent les déplacements entre les communes et à l'intérieur de ces dernières. Un petit exemple en guise de clé de lecture avec Toulouse.

Facilement reconnaissable, Toulouse est le plus gros rond vert se situant à gauche du triangle. Comme pour la carte des balances des déplacements, la taille du cercle correspond au nombre de déplacements concerné par Toulouse et la couleur indique si le flux de déplacements est positif ou négatif. De plus, avec ce graphique, nous savons quels sont les déplacements les plus fréquents pour chaque commune.

Un pattern est clairement visible : d'un côté nous avons des communes polarisant à la fois une grande partie des déplacements professionnels et animées par de puissants flux internes, avec ou sans utilisation de la voiture.

De l'autre côté, nous avons des communes déficitaires en termes de déplacements journaliers, dont les actifs circulent majoritairement en voiture.

Il est possible de creuser un peu plus la question et de s'intéresser, non seulement à l'aspect spatial, mais aussi aux déplacements sous un angle socio-économique.

Visualisation des déplacements internes selon les CSP par communes

Visualisation des déplacements externes selon les CSP par communes

Là-encore, deux patterns ressortent de nos deux graphiques :
A gauche, nous retrouvons la part des déplacements internes pour nos trois regroupements de CSP. Nous remarquons que les cadres sont les principaux instigateurs des déplacements internes aux communes, et que Toulouse occupe une place à part dans la mesure où les 3 groupes sont présents de façon quasi-équitable dans ces mobilités quotidiennes.
A droite, le constat est plus flou. En effet, la part des employés/ouvriers, cadres et professions intermédiaires est volatile suivant la localisation des communes. Nous ne disposons malheureusement pas de la donnée nécessaire nous permettant de connaître avec précision la part réelle de chaque groupe dans les déplacements extracommunaux, mais peut-être qu'une visualisation différente nous aiderait à y voir plus clair...

Une visualisation des caractéristiques socio-économiques des communes et des dynamiques intercommunales


Nous avons vu, dans un premier temps, la balance des déplacements pour chaque commune d'Occitanie. Dans un deuxième temps, nous nous sommes arrêtés sur la part des différentes CSP dans les déplacements externes aux communes. Nous allons désormais visualiser ces indicateurs qualitatifs et quantitatifs au sein d'une seule datavisualisation.

Aires de polarisation et catégorisation des communes par CSP majoritaire dans les déplacements extracommunaux


Clé de lecture : On comptabilise 126 476 déplacements en direction de Toulouse. Parmi ces personnes, 5992 proviennent de la commune de Colomiers. A Colomiers, la catégorie des ouvriers est la plus représentée dans les déplacements professionnels extracommunaux.
Note : nous avons éliminé de l'analyse les communes ne disposant pas de données sur le nombre de personnes travaillant à l'extérieur de la commune de résidence (28 communes). C'est pour cette raison que les chiffres de cette visualisation diffèrent sensiblement des chiffres proposés plus haut.

Ce type de visualisation des déplacements domicile-travail est intéressant à plus d'un titre. La première est que nous avons une vue sur les différentes aires de polarisation des flux. Ainsi, nous disposons d'un angle d'analyse complémentaire à la carte des balances des communes présentée plus haut.

Ensuite, lorsque l'on clique sur un grand ensemble de polarisation, nous avons la répartition des déplacements qui le composent.

Enfin, nous pouvons également savoir quelle est la CSP qui travaille majoritairement à l'extérieur de la commune de résidence.

Souvenez-vous de notre premier point... En Occitanie, les déplacements domicile-travail sont organisés selon deux grands espaces : l'aire de Toulouse et le littoral méditerranéen.

Cliquez maintenant sur les aires de polarisation composant ces deux espaces...

Les communes polarisatrices du littoral attirent des flux de personnes résidant dans des communes où une majorité d'employés et d'ouvriers. A l'inverse, Toulouse et sa couronne périphérique attirent un flux plus hétéroclite de personnes (cadres, professions intermédiaires et employés/ouvriers).

Les effets négatifs de la mobilité


La mobilité a des effets négatifs tant pour les personnes la pratiquant que pour l'environnement. Stress, émissions de CO2, consommation d'espaces... Les impacts des déplacements domicile-travail au quotidien sont nombreux.

Temps d'accès et émissions de CO2 par personne pour chaque aire de polarisation


Clé de lecture : chacune des 130 873 personnes se rendant à Toulouse émettra 3 434 g de CO2 au cours de son trajet qui durera en moyenne 25 minutes en voiture (s'il n'y a pas d'embouteillages, bien sûr !).

Ce dernier graphique sert avant tout à nous sensibiliser sur les externalités négatives de nos mobilités.

En effet, dans un contexte de réchauffement climatique global, chaque geste compte. En Occitanie, chaque automobiliste émet en moyenne 2 kg de CO2 dans l'atmosphère en se rendant sur son lieu de travail. Le graphique ci-contre présente le détail de ce chiffre.

De plus, chaque trajet domicile-travail dure en moyenne 40 min (dans le meilleur des cas !!)

Ces déplacements sont coûteux à la fois pour notre porte-feuille, notre temps libre, notre planète et notre santé.

Que doit-on retenir ?


6 points à retenir

  1. Les déplacements domicile-travail de la Région Occitanie se structurent en deux grands espaces : 1. Toulouse et sa périphérie ; 2. Le littoral méditerranéen.
  2. Plusieurs aires de polarisation des déplacements (caractérisés par de plus fortes entrées que de départs) organisent ces deux grands espaces. Ces aires sont basées sur un modèle centre-périphérie.
  3. A l'inverse, 70 % du territoire occitan manque de dynamisme. En effet, les communes en question sont caractérisées par un faible flux de déplacements professionnels, un revenu médian inférieur au reste de la Région et une faible densité d'emplois.
  4. Les communes les plus attractives sont également celles qui enregistrent le plus grand nombre de mouvements internes. Les personnes qui y résident et qui y travaillent sont principalement des cadres. A l'inverse, les communes connaissant des balances de déplacements déficitaires verront leurs habitants se rendre au travail en utilisant principalement l'automobile.
  5. Dans l'espace littoral méditerranéen, ces mouvements intercommunaux seront principalement constitués par des travailleurs appartenant à la catégorie "ouvriers/employés, tandis que dans l'espace de Toulouse et de sa périphérie, ces déplacements sont plus hétéroclites, constitués de cadres, de professions intermédiaires et d'ouvriers/employés.
  6. Enfin, dans un contexte de réchauffement climatique, il devient urgent de réduire progressivement les émissions de CO2 dans les différentes aires de polarisation. Des solutions existent : rapprocher lieu de travail et lieu de résidence, développement du télétravail, promouvoir les modes de transport doux (vélo, à pied, tram, métro...).

Informations sur les outils et les données utilisés :

  • Jeu de données fourni par l'association toulouse-Dataviz dans le cadre du Hackaviz 2019
  • Pour le traitement des données : QGIS, Excel, Python
  • Visualisation cartographique : Mapbox, Mapbox API pour les itinéraires entre deux communes
  • Visualisation graphique et traitements : D3.js, C3.js
  • Outil de scrollytelling : Scrollama.js
  • Réalisation : ©Tony Hauck